Illustrateur: Benjamin Lacombe
Editeur: Seuil Jeunesse
Année: 2008
Hors liste de référence
Niveau selon moi: Cycle des approfondissements (comme toujours, tout dépend de l'exploitation qu'on en fait...)
Résumé:
L'enfant silence vit dans la maison des loups. Elle ne parle pas, et la maitresse s'inquiète. Mais elle ne peut pas parler...
Mon avis:
Un album poignant, tant par le texte que l'illustration. Tant de choses restent implicites.
On se demande pourquoi cette enfant ne parle pas! Et qui sont ces loups... Petit à petit, on suppose que ce sont ses parents, ses proches, ceux qui s'occupent d'elle mais la font souffrir... Beaucoup de traumatismes. C'est l'histoire d'une souffrance, d'un mutisme. Une enfant dans la solitude de son malheur, vouée au silence...
Dans la vie de tous les jours, qui sont donc ces enfants silence? Ces enfants discrets, qui ne parlent pas? Ces enfants qui ne sourient pas? Finalement, pour quels enfants doit-on s'inquiéter le plus, en tant qu'adultes protecteurs? Ceux qui savent se faire oublier, se font discrets et pour cause: ils ne parlent pas, n'exultent pas de joie, de rire ou de bonheur... Mais on se focalise toujours sur celui qui crie le plus fort, qui pleure le plus ou enquiquine le plus ses camarades...
Cet album est là aussi pour nous rappeler que quelque part, il existe des enfants qui, sans le dire, ont terriblement besoin de notre aide. Et il le fait avec brio, sans mélo, sans pathos, tout en douceur et tendresse, pour mieux communiquer la solitude de l'enfant et nous la faire vivre.
Le tout vu est visité par Benjamin Lacombe qui nous offre des illustrations d'une noirceur délicieuse, troublante, emplie d'émotion, comme il sait si bien le faire.
A travers ce livre, on vit, on ressent, on s'interroge. Pour le plaisir des yeux et du coeur, à lire et à relire absolument!
Des pistes pédagogiques:
- Une question:
Comment nous faire vivre et ressentir la tristesse dans un album?
Pour y répondre, un réseau est à construire, peut-être avec Sentimento de Carl Norac, illustré par Rébecca Dautremer, ou Annie du Lac de Kitty Crowther.
Ainsi on peut relever des procédés d'écriture (métaphores, silences, point de vue interne...), des techniques d'illustration (couleurs, zoom, solitude...), pour pouvoir les réinvestir dans un écrit (laisser le choix entre un texte ou un dessin?) durant lequel l'enfant raconterait un évènement triste (bien sûr, des élèves peuvent citer des évènements tristes, et ces évènements ne sont pas obligés d'être dramatiques! On peut être triste parce qu'il pleut alors qu'on avait prévu d'aller jouer au foot par exemple!)
- Un personnage archétypal:
Les loups. Que représentent-ils? Dans quels livres les rencontre-t-on? Sont-ils dangereux? Pourquoi?
A la BCD, les élèves pourraient faire une recherche à la fois documentaire (pour savoir ce que représentent symboliquement les loups, pour connaitre également le loup en tant qu'animal réel), mais également dans les contes, les albums, les romans... Un petit exposé pourrait être réalisé, à destination des autres classes et des parents...
- Un débat:
A-t-on le droit d'être tristes parfois? Les enfants s'expriment alors librement, et l'enseignant n'est là que pour recentrer le débat, ou le dynamiser. L'objectif étant de permettre aux élèves de s'exprimer, de s'écouter, et d'en venir à un respect de l'autre et de la différence mieux construit (accepter que l'autre ne pense pas la même chose, nuancer ses propos, expliquer, se faire comprendre, argumenter...). Attention à ne pas venir à une séance de psychanalyse où tout le monde raconte ses malheurs!
Peut-être prévoir à la fin un album drôle, histoire de ne pas plomber la journée!!!
Mise en réseau:
Pour les grands certainement, les ados peut-être... A l'école primaire peut-être un peu tôt encore:
Un court-métrage: Vincent, de Tim Burton.
Pour aller plus loin:
Le site de Cécile Roumiguière
Le court-métrage Vincent, de Tim Burton.
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